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Hollandais de naissance, Pierre van Woerden raconte, dans un style simple et amène, les circonstances dramatiques qui l'ont conduit à suivre le Christ. Lors de la dernière guerre, Pierre fut incarcéré pour avoir joué l'hymne natioÂnal interdit dans l'église Réformée de Velsen où, à 17 ans, il était l'organiste. Pendant ces jours tragiques, il prit la grande décision de sa vie.
Pierre van Woerden aurait pu parcouÂrir le chemin de la gloire, mais il a jugé infiniment plus important de se mettre, lui et son talent musical, au service des enfants et des adolescents, en se faisant leur « Grand Frère Pierre ». Il ne s'agit pas de littérature, mais d'une « tranche de vie » pleine de fraîcheur et d'inspiration. Son impact auprès des enfants s'est longtemps poursuivi par l'accomÂpagnement des jeunes qui, peu à peu, a fait naître un important ministère de formation de disciples de Jésus.
Extrait :
Chapitre Premier
CHERCHE ET TROUVE
Je ne vins pas seul au monde : j’étais accompagné d’un frère jumeau qui mourut une semaine après notre naissance. J’appris par la suite qu’il lui manquait une vertèbre qui apparut inopinément chez moi, lorsque j’avais treize ans, sous forme d’appendice, pareil à un troisième bras. Je pensai d’abord qu’il serait le bienvenu : je voulais devenir organiste et je me voyais déjà tirant les registres grâce à ce bras inattendu. Le médecin opina que cet appendice, au contraire, me causerait vraisemblablement des ennuis et qu’il convenait de l’enlever. Il supposait qu’avant ma naissance, j’étais lié à mon frère, et que je lui avais arraché une vertèbre en me détachant, ce qui avait probablement causé sa mort. C’est ainsi que je vins au monde en santé alors que mon frère mourait sept jours plus tard. Je n’ai jamais pu me défaire du sentiment qu’une responsabilité accrue m’incombe dans la vie : à la mienne s’ajoute celle qui aurait appartenu à mon frère.
J’étais un jeune homme comme tous les autres. Peut-être même un peu au-dessous de la moyenne, en ce qui concerne l’intelligence ; par contre, pour jouer des tours, j’étais particulièrement doué. Mon père était directeur de l’école élémentaire et moyenne, ce que je considérais comme un désavantage manifeste : il souhaitait que je fusse, pour les autres élèves, un modèle en toutes choses. Mes devoirs n’étaient-ils pas préparés à la satisfaction du maître, je recevais une punition à l’école, suivie d’une autre à la maison. Le pire pour moi était d’être envoyé à mon père, muni d’un billet du maître à faire signer. Cette signature me coûtait toujours une verte correction ! Je ressens encore mon humiliation lorsque je rapportais le billet signé, et que tous mes camarades remarquaient combien mes oreilles étaient rouges ! J’en étais chaque fois plus honteux jusqu’au jour où, après maints exercices, je parvins à imiter assez bien la signature de mon père, ce qui m’épargna pas mal de difficultés par la suite.
Très tôt, je fus un homme d’affaires avisé. Je me souviens encore fort bien d’avoir ouvert, à l’âge de douze ans, une sorte d’atelier où je réparais les chambres à air de bicyclette. A côté, le mécanicien demandait vingt-cinq centimes pour ce travail ; je le faisais pour vingt, ce qui me permettait de lutter victorieusement contre la concurrence. C’était pour une autre raison encore que j’avais une nombreuse clientèle. Je faisais en sorte de percer les pneus des bicyclettes entreposées dans le parc voisin. Sachant exactement où se trouvait le mal, je donnais satisfaction à mon client par une réparation étonnamment rapide.
C’est avec honte que je songe à ce temps-là et à toutes les choses malhonnêtes que j’ai commises autrefois. La vie que je menais ne me rendait pas heureux. Donnais-je aux autres l’impression d’être joyeux ? Peut-être, mais ma mauvaise conscience me tourmentait de jour et de nuit. De plus, j’avais une mère pieuse qui intercédait pour moi sans cesse, ce qui me rendait encore plus malheureux.
Je n’étais qu’un enfant quand s’éveilla en moi un grand amour pour la musique. Dans notre famille, qui comptait trois garçons et trois filles, on chantait et jouait d’instruments divers toute la journée. Il n’était pas rare, lors du lavage de la vaisselle, de nous entendre fredonner ensemble quelque motet. Nos parents exerçaient une censure sévère à l’égard de ce que nous écoutions à la radio. C’est ainsi que se forma de bonne heure notre goût de la bonne musique classique et que s’affirma notre amour pour Bach et Haendel, en particulier. Plus tard, on m’a raconté que, tout enfant, je prenais volontiers le violon de mon père pour essayer d’en jouer, comme on scie du bois. Un jour, on me rencontra dans la rue où, après avoir donné un concert d’accordéon, je faisais la quête avec le haut-de-forme de mon père.